Avec le soutien du Contrat de Quartier Entre-Bois
Vendredi 19 août. Henri et Fabien sont assis devant une bière à la terrasse du Diamond bar. Franck sort du magasin Denner, allume une cigarette, et tire une chaise.
Le soir d’avant, Henri et Fabien s’étaient rendus à l’église où était organisée une veillée de prière pour Barbara. La nouvelle de sa mort était encore bien présente dans les esprits, on se demandait comment cela avait pu arriver à Bellevaux. Tout le monde connaissait Barbara puisqu’elle chantait à la chorale depuis de nombreuses années. Henri et Fabien s’étaient rendus à cet hommage afin d’en savoir un peu plus. À la sortie de l’église, ils se rapprochèrent d’une femme qui semblait particulièrement émue. Éliane leur confia que Barbara était l’une des chanteuses les plus assidues de la chorale et elle ajouta, avant de s’éloigner, qu’elle et le pasteur semblaient très proches.
Domenico était un homme de petite taille au regard perçant qu’il cachait derrière des lunettes noires. Ni gros ni mince, âgé d’une cinquantaine d’années, il affichait un sourire panoramique large comme une boîte à lettres. Il vivait au chemin de Maillefer 19 dans une maison individuelle. Il n’était pas très aimé, voire redouté, on racontait qu’il demandait des faveurs aux femmes mariées du quartier contre de l’argent. Son engagement dans les activités paroissiales de Bellevaux peinait à dissiper ces rumeurs. Mais surtout, Henri et Fabien avaient découvert grâce aux aveux du pasteur ce qu’ils soupçonnaient depuis longtemps, à savoir que Domenico et Barbara avaient une relation.
Rien d’étonnant à ce qu’Henri ait perdu son sang-froid. À l’époque lui et Barbara vécurent une histoire d’amour qui dura jusqu’à l’arrivée de David Bowie.
Trois semaines plus tard, l’enquête piétinait et Domenico était introuvable. En triant les journaux qu’il empilait sur la table de son salon, Henri tomba sur ce titre en première page du Lausanne-Cités : « Les dessous du Club 57 ». Il se rappela alors l’altercation avec le pasteur qui avait mentionné ce nom. S’agissait-il du même endroit ou était-ce une simple coïncidence ?
Ils se présentèrent à l’entrée du Club 57 dont la porte de métal était protégée par un imposant portier portugais qui leur demanda d’insérer leur carte de membre dans le boîtier électronique. Nos trois compères ne purent entrer. Ce qu’ils ignoraient c’est que l’un des mystères de ce Club est qu’il était réservé à 57 membres, immatriculés et bénéficiant d’une carte magnétique personnelle leur donnant accès au très select lieu.
— Je suis l’inspecteur François Delescun, nous sommes à la recherche d’une femme qui aurait ses habitudes dans ce Club
Henri fit mine de sortir son insigne de la poche intérieure de son veston et extirpa la photo de Barbara qu’il brandit sous le nez du portier. Ce dernier affirma ne jamais avoir vu cette femme.
— C’est bien lui…
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