La neige descendra du ciel demain, le froid étend l’hiver dans les premiers jours de 2024.
Un quartier c’est avant tout un village, avec ses rues, ses arbres, ses rires d’enfants et ses visages singuliers, chez nous à Bellevaux, il y a une présence qui ne laisse pas indifférent c’est celle de Louis. En cette fin d’après-midi d’avant les flocons, il discute à bâtons rompus avec un homme assis au volant de sa camionnette rouge, là, devant son immeuble cerné d’échafaudages depuis des mois déjà. Louis ne porte pas ce bonnet ocre que je lui vois habituellement en cette saison, le froid ne semble pas avoir de prise sur l’élan qui l’anime, Louis est joyeux, comme à son habitude, ses yeux bleus pétillent et regardent bien au-delà de la peau visible du monde.
Un quartier c’est avant tout un village. Certains s’y installent pour repartir. Louis lui n’est jamais reparti, à 90 ans, en attendant l’invitation de sa femme à la rejoindre de l’autre côté, là où il semble regarder assis sur ce banc au bout de sa rue, Louis est un ange de l’horlogerie humaine. Toutes les journées il passe un moment assis sur le banc, sur une chaise au bout de sa rue. Il était horloger, artiste de la mesure du temps, Louis lui observe aujourd’hui à travers la loupe de ses yeux bleus le temps de nos existences, il tente d’ajuster les cadences de pas au tempo des cœurs, il regarde les uns et les autres aller et venir, à pied, en voiture, traits préoccupés, mines enthousiastes, pas indécis ou pressé. Pour chacune et chacun, Louis lui cherche le regard, attrape la pensée, dit bonjour et décroche un sourire. Louis lui respire la poésie, sa présence irradie la rue et nous rappelle l’existence, la nécessité de regarder le mouvement des heures avec l’émerveillement d’un enfant.
L’été dernier Louis lui a fait du buzz sur Instagram, plus de 10 millions d’yeux l’auraient regardé assis au bout de la rue du chemin d’Entre-Bois.
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